Quatrième de couv':
Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Eugène, monte-en-l'air patenté, dépouillait les riches intérieurs de la bourgeoisie parisienne, tandis que Slawomir faisait rimer ivrognerie avec philosophie. Et ce depuis belle lurette. Mais voilà que Grace est venue tout fiche par terre, une fois de plus. Pourquoi a-t-il fallu, primo, qu'elle se mette à la colle avec un milliardaire à la tête d'une secte de chasseurs de vampires psychiques, et, secundo, qu'elle lui révèle qu'elle et ses compères font partie de ce cercle très fermé ? La chasse a déjà commencé...
Avis:
« Petits arrangements avec l’éternité » est le
premier roman d’Éric Holstein avec ses atouts et ses imperfections. Mais
surtout, il révèle un auteur prometteur.
Éric Holstein nous offre un exercice de style truculent où
la gouaille populaire française est à l’honneur. La plume est vive et efficace.
Les descriptions sont de même très bien écrites, notamment lorsqu’il s’agit de
présenter les scènes d’action et de bagarre. Impossible de ne pas visualiser
ces passages ; idem pour les personnages qui prennent vraiment vie sous
nos yeux.
Parlons des personnages justement. Avec le style de l’auteur,
ils représentent l’autre point fort du roman. Hauts en couleur, sympathiques
mais pas trop, dévoyés, ils nous embarquent dans leur sillage dans un rythme
ébouriffant. Prenons le héros principal avec son prénom tout droit sorti de la
vieille France. Eugène, c’est l’incarnation de la France prolétarienne de la
première moitié du XXe. Il n’a jamais vraiment reçu d’éducation. Même s’il aime
les œuvres d’art et qu’il s’adonne à l’écriture sur la machine à écrire rose de
Barbara Cartland, Eugène est avant tout un voleur et un sans domicile fixe qui
squatte allègrement les demeures des beaux quartiers, lorsque leurs
propriétaires sont absents. Mais Eugène, c’est aussi un vampire. Attention un
vampire d’un autre genre. Rangez au placard les suceurs de sang qui pullulent
dans de nombreux romans fantastique. Les vampires, ici, se nourrissent de nos
émotions. Différence appréciable, elle aurait mérité néanmoins d’être plus
approfondie. On comprend le système des auras de couleurs, les méthodes de
chasse, mais l’histoire de ces vampires psychiques manque un peu de détails. D’un
tempérament solitaire, Eugène va voir son train-train quotidien chamboulé par
la réapparition de Grace, comparse vampirique et ex-amante. D’une personnalité
légère, aguicheuse et exhibitionniste, Grace est le genre de femme à s’attirer
les ennuis et à y plonger ses amis par la même occasion. Et ça ne rate pas. Une
fois de plus, Eugène va devoir mouiller sa chemise pour elle. Mais cette fois, la
situation est plus critique et va impliquer Slawomir, un vieux vampire sans
abris et alcoolique, mais qui se révélera être un philosophe obsédé par l’éther.
C’est d’ailleurs à cause que cette substance que l’intrigue dérape.
L’histoire, c’est ce qui fait la faiblesse de ce roman.
Enfin, de mon point de vue… J’ai adhéré sans mal à l’univers des vampires
psychiques (même si j’aurais voulu en apprendre plus) et à la secte des Gin Ko
Shikari aussi (cela apportait une touche d’exotisme et de mystère, mais là
aussi l’exploitation est trop légère). Mais où je n’ai pas accroché, c’est le
délire sur l’éther sur lequel l’auteur s’est concentré sans finalement
convaincre. Jusqu’aux dernières pages, je me suis demandé où Éric Holstein
voulait nous emmener… et je me le demande encore.
Alors, bien sûr je ne perds pas de vue que c’est un premier
roman et en toute honnêteté l’auteur s’en sort plutôt bien. Il possède un bon
style et une bonne maîtrise de ses personnages. Même si l’intrigue présente des
faiblesses, je pense que c’est un auteur français qu’il sera bon de suivre.
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