mercredi 26 janvier 2011

"La malédiction d'Old Haven" de Fabrice Colin


Quatrième de couv':
1723, Gotham. Mary Wickford, jeune orpheline à la beauté flamboyante, quitte le couvent et les sœurs qui l’ont recueillie dix-sept ans plus tôt. En route vers l’est, la jeune fille s’arrête dans le vieux village d’Old Haven où règne une atmosphère lourde de secrets. Sans jamais être venue, elle connaît ces paysages de brumes et de ténèbres… C’est ici que fut brûlée vive, jadis, une sorcière du nom de Lisbeth Wickford…

Avis:

Avec « la malédiction d’Old Haven », on sait dès les premières pages que c’est un roman qui va capter toute notre attention jusqu’à la fin, et que l’aventure sera au rendez-vous. Fabrice Colin n’est pas de ces auteurs qui vous laissent patienter pendant des centaines de pages avant de vous jeter dans l’histoire. L’immersion est immédiate et c’est ce que j’ai adoré.

Nous plongeons dans une Amérique qui en apparence ressemble à celle décrite dans les livres d’histoire, pourtant elle diffère par bien des aspects. Nous sommes en 1723. L’Inquisition a tout pouvoir et n’hésite pas à semer la terreur. Le massacre des sorcières de Salem a eu lieu, et la chasse aux sorcières reste active. Puis au détour d’une page, noyés au cœur d’une société encore archaïque, on trouve des traces de technologie : sous-marins de poche, chat mécanique, des ornithoptères inspirés des schémas de Léonard de Vinci... Mais l’uchronie tient une place peu importante dans ce roman, chose que je regrette. Le monde citadin où se trouve la technologie cède peu à peu la place aux grands espaces américains. Descriptions du littoral atlantique, des forêts et des montagnes ne manquent pas. C’est un vrai voyage qui nous est offert. Fabrice Colin prouve que sa plume est celle d’un grand auteur. Jamais les descriptions ne semblent peser dans la lecture et l'on savoure sa poésie.

À la lecture de la quatrième de couv’, je m’attendais à trouver une histoire de sorcellerie et d’Inquisition, tout ce qu’il y a de classique ; et je dois admettre que Fabrice Colin a su nous surprendre en offrant un imaginaire qui reprend les classiques du genre en glissant la présence de dragons, d’un Jack O’Lantern vraiment sympathique ou encore en créant une société secrète dont Jonathan Swift est membre. On saluera l’hommage fait à Lovecraft tout au long de ce roman. Tout l’univers construit par Colin repose sur l’imaginaire de l’auteur américain. Vous y trouverez des références à Cthulu, au Nécronomicon, à Arkham, à Nyarlathotep… Bref, ce livre est comme ces films d’animation où l’on a une double lecture, celle qui s’adresse aux plus jeunes qui n’auront pas forcément connaissances des références littéraires, mais qui prendront plaisir dans cet univers magique et sombre à la fois ; et celle pour les adultes qui savoureront de retrouver le bestiaire « lovecraftien », sans qu’il s’agisse pour autant de plagiat. Fabrice Colin prouve en effet qu’il est possible de réutiliser l’univers d’un auteur à condition bien sûr de faire preuve de créativité, ce qui ne lui fait pas défaut. Le rythme est soutenu, alternant les découvertes sur le passé de Mary et sa fuite devant l’Inquisition qui la recherche ardemment ; et jamais on ne s’ennuie.

Comme dans tout roman initiatique, Mary croise sur son chemin des personnages qui vont essayer de l’aider. Qu’ils soient de passage ou de fidèles compagnons comme Usher, ils apportent tous une pierre à l’histoire. Ils nous font tous découvrir un peu plus le monde dans lequel nous évoluons, et grâce à eux nous en apprenons davantage sur Mary et sur le passé de ses ancêtres. Étonnamment, Mary m’a laissé une étrange impression. Pour être franche, je ne l’ai pas beaucoup aimée. C’est une ado de 17 ans dont les réactions et les sentiments ressemblent davantage à ceux d’une femme de la trentaine. Elle a passé toute son enfance dans un couvent et débarque dans le monde avec une attitude presque indifférente. Rien ne semble l’étonner, ou du moins on a du mal à ressentir ce qu’elle éprouve. On dirait que les événements passent sur elle, comme de l’eau sur une surface imperméable.

Hormis cette Mary un peu distante, le livre est une belle découverte qu’on ne lâche pas facilement. Un ouvrage tout public, dense sans être pour autant compliqué.

Note: 4,5/5     


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