mardi 12 avril 2011

[Défi #14] "Le faucon de Malte" de Dashiell Hammett


Quatrième de couv':
Beaucoup auraient remué ciel et terre pour se l'approprier, ce faucon. Certains y avaient déjà laissé leur peau. Le détective Miles Archer lui-même y était resté. Mais son associé, Sam Spade, rusé, tenace, entreprenant jusqu'au cynisme, les manoeuvre comme des enfants. Il esquive même de justesse les pièges que lui tend Brigid O'Saughnessy, la fausse ingénue, et touche au but. Mais saura-t-il tirer profit de cette victoire ?

Mon avis:

Parfois, on se demande, en refermant un livre, pourquoi on ne l’a pas lu plus tôt. C’est ce qui m’est arrivé avec « le faucon de Malte » de Dashiell Hammett. Traînant sur une des étagères de la bibliothèque familiale depuis les années 90 (oui, mon édition date de 1992), c’est un roman qui avait rejoint ma pal à l’époque du lycée, mais un je-ne-sais-quoi m’a toujours fait hésiter à le lire. Et je ne peux que saluer le bienfait du défi de lecture qui m’a donné un bon coup de pied dans le postérieur pour liquider certaines lectures en retard (bon, j’avoue qu’il s’agit d’un énorme retard dans le cas présent).

Vous aurez donc compris que je ne regrette pas cette lecture. Bien au contraire, j’ai envie de la recommander à celles et ceux qui aiment les polars ou qui souhaitent découvrir le genre.

Publié en 1936, « le faucon de Malte » met en scène l’un des détectives les plus célèbres. Il s’agit de Sam Spade, héros principal du roman (et de trois autres nouvelles), il est l’incarnation de « l’homme », vous savez de ce type qui dit-on revient à la mode, que l’on qualifie de macho. Sam Spade a une personnalité de mâle dominant, sûr de lui, roublard (il le faut quand on veut duper les truands), un chouia cynique et sarcastique, protecteur avec la gent féminine qu’il estime toutefois inférieure à lui. Même s’il salue les compétences d’Effie, sa charmante secrétaire, il lui fait bien comprendre que c’est lui qui résout les enquêtes et que de ce fait il est bien plus intelligent qu’elle. Même si leur relation est assez archaïque (le féminisme est quand même passé par là, enfin en théorie…), elle est la plus sincère du roman, car il n’est pas vraiment question de jeu de dupe entre eux. En revanche, dans le reste du roman, le casting que nous propose Dashiell Hammett est plutôt relevé : vamp, veuve joyeuse, truand à l’embonpoint répugnant, petite frappe… toute la panoplie du parfait roman noir y est. Et c’est savoureux ! Aucun n’est blanc ou noir, y compris Sam Spade et les flics. Dashiell Hammett nous montre ainsi que la frontière entre le bien et le mal est des plus floues et qu’il est parfois aisé de pencher vers l’illégalité.

Autre point fort, le style de l’auteur. Avec ce roman, on sent les prémices d’une écriture très répandue de nos jours, à savoir le style cinématographique. Pas toujours très bien utilisé malheureusement, le style est pourtant ici très efficace. On a un rythme soutenu, avec de nombreux dialogues, des scènes de bagarres, des morts, des rebondissements et de fausses révélations qui brouillent notre jugement. Même si les descriptions sont minimalistes, elles apportent suffisamment d’éléments pour cerner psychologiquement et physiquement les personnages. 


En somme, c’est un livre sans réelle faiblesse (à part peut-être une fin pas très surprenante) qui se laisse lire sans aucune difficulté et qui peut encore aujourd’hui servir de référence.

Note: 5/5

Défi lecture V&S et Abfa, catégorie classique



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