mercredi 2 mars 2011

[Défi #10] "Le jeu de l'ange" de Carlos Ruiz Zafon


Quatrième de couv':
Dans la turbulente Barcelone des années 1920, David, un jeune écrivain hanté par un amour impossible, reçoit l'offre inespérée d'un mystérieux éditeur : écrire un livre comme il n'en a jamais existé, " une histoire pour laquelle les hommes seraient capables de vivre et de mourir, de tuer et d'être tués ", en échange d'une fortune et, peut-être, de beaucoup plus. Du jour où il accepte ce contrat, une étrange mécanique de destruction se met en place autour de lui, menaçant les êtres qu'il aime le plus au monde. En monnayant son talent d'écrivain, David aurait-il vendu son âme au diable ?

Mon avis:

Fureter dans les rayons des librairies peut parfois avoir du bon, surtout lorsque nos mains s’agrippent à un livre qui se révélera être une intéressante découverte. C’est en quelque sorte le cas avec « le jeu de l’ange ». Je ne dirais pas que c’est un roman parfait, mais l’ensemble est suffisamment convaincant pour donner envie de lire d’autres livres de Carlos Ruiz Zafon.

Commençons par le style de l’auteur qui est son principal atout. Narrateur efficace, il nous plonge dans un Barcelone sombre et poétique, un brin gothique. J’ai eu la sensation d’entrer dans une de ces vieilles photographies en noir et blanc, jauni par le temps. Rythmé comme un roman-feuilleton avec ses courts chapitres, le livre nous entraîne dans une histoire constituée de rebondissements et de mystères. Carlos Ruiz Zafon fait osciller son intrigue entre thriller et fantastique jusqu’aux dernières pages. Celles-ci défilent apportant leur lot de surprises, nous troublant un peu plus dans la compréhension de l’intrigue qui finalement se révélera moins surprenante que prévu. C’est d’ailleurs le seul point négatif que j’ai trouvé.

En parfait illusionniste, Carlos Ruiz Zafon nous invite dans un spectacle magique, quasi enivrant, mais qui perd de son sublime dans les dernières pages. Des non-dits, un aspect fantastique pas assez développé à mon goût font que la fin m’a déçue. En une fraction de seconde, on se dit : « tout ça pour ça ». Il faut l’admettre, les 667 pages sont excessives, mais tellement de belles choses y sont écrites, qu’on pardonnerait presque l’auteur de nous avoir manipulés avec autant d'habileté.

Au-delà de l’intrigue, Carlos Ruiz Zafon nous dépeint la vie d’un écrivain, nous plonge dans ses tourments et ses doutes. David Martin, le personnage principal, est un jeune homme qui n’a pas eu de chance dans la vie. Cette malchance le poursuit même dans l’écriture. Alors qu’il a du talent, le destin semble s’acharner à lui mettre des bâtons dans les roues. Il est l'archétype de l'artiste maudit, solitaire, constamment sur le fil du rasoir. C’est à travers ce personnage que Carlos Ruiz Zafon nous offre une réflexion sur le travail de l’auteur et son besoin de reconnaissance. Des sentiments parfois déchirants et qui nous touchent, surtout quand on écrit soi-même.

À cela se greffe une vision des plus intéressantes sur le concept de religion. David Martin, athée convaincu, est mandaté par un homme étrange pour écrire une nouvelle religion. Troublé par cette requête, il va néanmoins se prêter à l’exercice, tout en tentant de comprendre pourquoi et comment on crée une religion.

Avant de terminer, évoquons les personnages. Carlos Ruiz Zafon nous épargne un héros parfait sous tout rapport et c'est une chose qu'on apprécie, ou pas. Pour ma part, je me suis attachée à ce pauvre David qui semble être né sous une mauvaise étoile. Tout son être colle au Barcelone décrit par l'auteur, et lorsque David Martin pose ses valises dans la sombre maison de la tour, on a presque la sensation qu'il fait partie des meubles. Il aurait presque pu figurer dans l'arbre généalogique de la famille Adams. Même les efforts d’Isabella, la jeune apprentie écrivain que David Martin prend sous son aile, ne parviendront pas à alléger l’atmosphère pesante qui règne dans cette imposante bâtisse à la mauvaise réputation. Isabella, c'est la bouffée d'air frais de ce roman. Son fort tempérament et son amitié seront les éléments salutaires pour éviter à David Martin de sombrer. On appréciera Sempere, le vieux libraire, amoureux passionné des livres. On aimerait tous avoir un tel libraire dans son quartier. Les autres personnages m’ont moins marquée ; certains étaient trop effacés comme Cristina (l’amour impossible du héros), et d’autres font un peu trop clichés (surtout les flics et les méchants qui semblent tout droit sortis d’un vieux roman de gare).

En conclusion, je dirais que je ne suis pas mécontente d’avoir croisé la route de ce livre qui m’a fait découvrir un auteur. D’ailleurs, je ne tarderai pas à lire « l’Ombre du vent » qu’on dit meilleur.

Note: 3,75/5

Défi lecture V&S et Abfa, livre bonus.

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