dimanche 16 janvier 2011

[Défi #2]: "la Garçonne" de Victor Margueritte


Quatrième de couv':
La publication de la Garçonne provoqua en 1922 le plus grand scandale qu'auront connu les lettres françaises.
Un écrivain célèbre ne s'avisait-il pas de faire preuve de " pornographie " en décrivant la transformation d'une jeune fille de bonne famille en une femme libre de son travail, de son corps, de ses plaisirs. Qui plus est, c'est par dégoût pour la morale bourgeoise et le monde de l'argent que Monique Lerbier est ainsi devenue une " garçonne ". L'opinion publique exigea, et obtint, que la Légion d'honneur fût retirée à Victor Margueritte. Aujourd'hui, on comprend que le scandale d'alors tenait bien moins à l'érotisme du roman qu'à sa dénonciation prophétique d'une société condamnée.
Une société où le profit était roi et où la femme était seulement un objet convoité pour son corps ou ses richesses. Ce livre garde aujourd'hui une troublante actualité.

Résumé:
Monique Lerbier, jeune fille de bonne famille, découvre que son fiancé la trompe et que leur futur mariage n’est en réalité qu’un arrangement financier. Son idéalisme de jeune romantique ébranlé, elle refuse le mariage et quitte le domicile familial. Seule, elle sombre dans la dépression, puis se relève pour prendre sa vie en main.

Liberté sexuelle et professionnelle, voilà ce qui régit désormais sa vie. Totalement maître de son existence, Monique Lerbier n’est pas pour autant heureuse. Même si elle acquiert une certaine renommée professionnelle, sa vie sentimentale est chaotique alternant les expériences lesbiennes, les hommes et les orgies. Peu à peu dégoûtée d’elle-même, se sentant inutile, elle finit par se noyer dans les plaisir artificiels : opium et cocaïne. Et puis, il y a cette rencontre qui va la sauver, mais qui va aussi lui ouvrir les yeux sur ses attentes en matière d’amour et dans sa relation avec les hommes.

Avis :
En toute honnêteté, le contenu de ce roman a été une surprise, dans le sens où je ne m’attendais vraiment pas à ce que j’y ai découvert. Je m’étais toujours imaginé le ton de l’histoire plus léger que ce qu’il est en réalité. C’est une œuvre sombre, en dépit de sa fin optimiste.

Nous sommes dans un roman initiatique, où nous assistons à la naissance de la femme moderne. « La garçonne », comme on la surnomme, est la femme qui se libère peu à peu du joug de l’autorité masculine pour prendre en main son destin. Elle se raccourcit les cheveux, prend un travail pour ne plus être dépendante, conduit une voiture, fait la fête plus que de raison, se libère sexuellement… Mais cette libération ne se fait pas sans mal. Monique Lerbier, en prenant le choix de vivre sa vie comme elle l’entend, a beaucoup de difficultés à s’épanouir et à être l’égale des hommes, peut-être parce qu’il y aura toujours en toile de fond ce besoin de romantisme et cette envie viscérale d’enfanter. L’histoire de ce roman est vraiment un manifeste du féminisme et d’ailleurs j’ai du mal à comprendre pourquoi il n’est plus réédité. C’est un texte que toutes les jeunes femmes (et les hommes aussi) devraient lire. Quand on voit ce qui est écrit dans ce livre qui date quand même de 1922, on se dit que certaines mentalités restent tenaces. Et il est vital d’entretenir l’esprit du féminisme.

Mais, « la Garçonne » n’est pas qu’un plaidoyer en faveur des femmes. C’est aussi une critique au vitriol de la bourgeoisie parisienne. Société bien pensante, elle n’est finalement que faux-semblants. Le vernis craquelle rapidement, et nous nous retrouvons en présence d’individus qui ne sont que des étiquettes dont les seules occupations sont la médisance et l’étalage de leur fortune dans des soirées mondaines qui finissent dans des bordels, des fumeries d’opium, ou dans des garçonnières. Je crois que c’est cet univers méprisable, où l’antisémitisme est plus que présent, qui m’a le plus pesé dans ma lecture. Chaque fois que je rouvrais le livre, j’éprouvais une sensation d’étouffement, un peu comme l’héroïne.

En revanche, ce qui m’a bien plu dans ce livre, c’est le style de Victor Margueritte. Hormis quelques tournures propres à l’époque, l’écriture est simple et vive. Le résultat donne d’ailleurs un texte assez moderne.

Un livre à lire plus pour le fond que l’intrigue.

Note: 4/5


Catégorie classique du Défi lecture de V&S et Abfa



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