mercredi 5 janvier 2011

"Crossfire" de Miyabe Miyuki


Quatrième de couv':
Un roman policier d'une adresse diabolique, au suspense maîtrisé de main de maître, qui à la fois dresse une sociologie du Japon contemporain et nous plonge au cœur du brasier qui déchire les êtres. La jeune et jolie Aoki Junko possède un don extraordinaire, celui de déclencher le feu à volonté. Elle commence à utiliser son pouvoir pour rendre la justice et punir les criminels violents. Ses exécutions attirent l'attention des Anges gardiens, une organisation de vigilance secrète qui voudrait l'enrôler. Et le service des incendies criminels de la police de Tôkyô se met à sa recherche. Au fil de son enquête, l'inspecteur Ishizu Chikako, une femme patiente et déterminée voit sa vision du monde bouleversée. Tandis que Junko, poursuivant ses raids fiévreux et brutaux sur Tôkyô, se pose de plus en plus de questions sur le bien-fondé de sa croisade contre le mal...

Mon avis:
Que feriez-vous si vous possédiez le don de pyrokinésie ?

 Aoki Junko, ayant appris à maîtriser ce pouvoir, décide de l’utiliser pour rendre la justice. Ses cibles ? Les criminels les plus violents. Même si ce pouvoir pourrait faire d’elle une héroïne de comics, Aoki Junko n’en reste pas moins une jeune femme assez banale. En cultivant sciemment l’art de la discrétion, elle est devenue au fil des ans une jeune personne effacée et asociale. Mais cette facette cache un être fragile qui craint toute relation avec les autres à cause de ce pouvoir qui apparaît finalement comme un fardeau. Alors qu’elle fuit les autres comme la peste, ses actes de vengeances vont progressivement attirer l’attention d’une certaine société secrète qui va tenter à tout prix de la recruter.
Pendant ce temps, ses crimes n’échappent pas à l’attention de la police tokyoïte. C’est l’inspecteur Ishizu Chikako qui est chargée de l’enquête. Alors qu’elle doit constamment faire ses preuves auprès de ses collègues, parce qu’elle est une femme, Ichizu Chikako va voir sa logique bouleversée par cette enquête qui sort des sentiers battus.
Mais sur le déroulement de l’histoire, je n’en dirai pas plus…

Je dois avouer que ce roman a été une excellente surprise, probablement la meilleure de l’année (avec Battle Royale et Deadwood). Je ne connaissais pas Miyabe Miyuki avant de dénicher ce bouquin au fil de mes pérégrinations sur la toile. J’y ai donc découvert un auteur de talent qui partage sa passion pour l’écriture et pour son pays dans chacune des pages de son roman. Décrocher de ce livre n’a pas été chose évidente et même plusieurs mois après il reste très présent à l’esprit. Crossfire aurait pu être un polar conventionnel, mais l’auteur est parvenu à changer les codes en ajoutant à son récit une touche de fantastique et par la même occasion une analyse sociale axée principalement sur les problèmes de la jeunesse japonaise et la place de la femme dans une société résolument machiste. L’auteur se lance aussi dans une critique de la justice nippone qui fonctionne à deux vitesses, où les plus riches tirent les ficelles, évitant de devoir rendre des comptes devant à la société.
On y découvre aussi Tokyo et ses différents quartiers comme si l'on y était. Il n’aurait pas été difficile de suivre le déplacement des protagonistes sur un plan de cette ville tentaculaire.
À noter, la postface qui s’intéresse à la littérature policière nippone et écrite principalement par les femmes. Les pistes de lectures n’y manquent d’ailleurs pas.

Ce roman n’est donc pas qu’un simple polar saupoudré de fantastique. C’est davantage une sorte de melting pot des genres, construit brillamment, avec suffisamment de rebondissements pour susciter notre intérêt et avec des sujets qui semblent tenir à cœur aux Japonais puisque nous les retrouvons souvent dans leurs films et dramas.

Un roman qui a des airs de manga.

Note: 5/5


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