samedi 1 janvier 2011

"Battle Royale" (le livre) Vs. "Battle Royale" (le film)

Quatrième de Couv':
Dans un pays asiatique imaginaire existe un programme gouvernemental connu sous le nom de Battle Royale. Chaque année, une classe de 3e est choisie au hasard, emmenée sur une île coupée du monde, et les collégiens doivent combattre entre eux jusqu'à ce qu'il ne reste qu'un survivant... Ceci afin de servir d'exemple à la population, à la jeunesse particulièrement, et aussi de recueillir des statistiques sur le temps mis par le champion à éliminer ses camarades. Version contemporaine sur vitaminée de Sa Majesté des Mouches, de William Golding, Battle Royale a défrayé la chronique à sa publication, avant de devenir l'un des plus grands best-sellers de l'édition nippone.






Résumé du film:

Dans un avenir proche, les élèves de la classe B de 3ème du collège Shiroiwa ont été amenés sur une île déserte par une armée mystérieuse. Un adulte surgit tout à coup devant eux : leur ancien professeur Kitano. Il leur annonce qu'ils vont participer à un jeu de massacre dont la règle consiste à s'entretuer. Seul le dernier des survivants pourra regagner son foyer. Kitano leur présente deux nouveaux élèves très inquiétants. Des coups de feu retentissent pour convaincre les incrédules. Selon la loi de réforme de l'éducation pour le nouveau siècle, ce sacrifice permettra de former des adultes sains. Abandonnés chacun à son sort avec de la nourriture et une arme, les adolescents disposent d'un délai de trois jours pour s'entretuer. Pour empêcher toute tentative d'évasion, ces derniers portent autour du cou un collier explosif qui se déclenche à la moindre désertion.





Mon avis:

Battle Royale… voilà un film qui a marqué les esprits par sa violence. Tout droit venu du pays du soleil levant, il est apparu comme une sorte d’ovni à l’époque de sa sortie. Le concept et l’absurdité de l’histoire, ses litrons de sang, des morts surjouées ont fait la popularité de ce film gore pour ados en mal de sensations fortes. Battle Royale incarne très bien le délire à la sauce nippone, qu’on aime… ou pas. Personnellement, j’adhère et j’adore. Bien sûr, presque dix ans après le premier visionnage, je dois avouer qu’il commence à faire bien kitch, même s’il se laisse toujours regarder avec plaisir.

Mais Battle Royale, c’est avant tout un roman, écrit en 1999 pour être précis, et qui est rapidement devenu un best-seller au Japon ; et on ne s’en étonne pas lorsqu’on lit ce petit pavé de 830 pages (cf. éd. Livre de Poche). Comme il fallait s’y attendre, le film est sensiblement différent du roman. Alors que la version cinématographique met à l’index les problèmes de délinquance, et la nécessité de se débarrasser des éléments perturbateurs, le roman quant à lui présente le jeu à la fois comme une expérience (comment réagissent les individus dans une situation extrême et surtout combien de temps le gagnant arrive à bout de ses camarades) et le moyen d’asseoir l’autorité du gouvernement en instaurant la crainte de l’autre. Une fois que l’individu intègre l’idée qu’il peut être trahi à tout moment et par n’importe qui, il se repliera sur lui-même et n’éprouvera donc pas le désir de se regrouper pour se rebeller contre le système.

Le but du jeu ne change pas d’un support à l’autre : Rester le dernier envie coûte que coûte.

À partir de là, débute l’avalanche de violence. Que ce soit dans le film ou le roman, elle est omniprésente. Le réalisateur Kiji Fukasaku prend le parti de nous proposer plus de 1 h 45 de scènes ridiculement gores où les gamins mettent un temps fou à trépasser. Même avec plusieurs balles dans le buffet, ils tiennent encore debout et continuent à lutter. Dans le livre, le rendu m’a semblé moins gore. Je pense que cette sensation vient du fait que Koushun Takami ne s’attarde jamais très longtemps sur ces scènes et qu’il évite de tomber dans le piège de la surenchère dans ses descriptions. Et puis, la violence n’est pas la seule motivation de l’auteur.

Battle Royale est avant tout un texte où la psychologie et l’analyse de société tiennent une place importante. Contrairement au film, le livre nous présente chacun des élèves au fil des pages. Il faut quand même préciser qu’ils sont au nombre de 42, donc c’est un vrai défi que de s’attarder sur chacun d’entre eux. Ainsi en quelques pages, on peut rapidement se faire une idée sur chacun d’eux. Takami nous fait part aussi de leurs angoisses et de la paranoïa qui les gagne peu à peu. C’est ce qui est à mon sens le plus touchant dans ce livre, car impossible de ne pas se demander ce que nous ferions si nous nous trouvions dans la même situation. Différents cas de figure sont présentés : le suicide, tuer qu’en cas d’extrême nécessité, tuer pour le plaisir, tuer pour gagner à tout prix parce qu’on se croit le meilleur, trouver le moyen de contrer le système, chercher à se réunir… Et j’en oublie. Dans tous les cas, on peut aisément se retrouver dans un de ces personnages.

Autre chose que nous ne retrouvons pas dans le film, c’est la dénonciation d’un système politique fasciste. J’ai bien apprécié l’approche de Takami, simple et directe. Nous découvrons ce monde à travers les propos de Kawada (mon chouchou dans l’histoire). Il n’est pas du genre à se bercer de douces illusions. Le pire, c’est qu’on retrouve des similitudes avec notre réalité… mais je n’en dirai pas davantage. À vous maintenant de découvrir ce roman qui malgré son épaisseur se dévore sans mal.

Note: 5/5

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