mercredi 30 mars 2011

[Défi #12] "Le monde vert" de Brian W. Aldiss



Quatrième de couv': 
La Terre se meurt sous la menace du Soleil sur le point d'exploser. A sa surface s'étend une immense jungle peuplée de végétaux qui se sont peu à peu adaptés à cet environnement hostile. Les derniers descendants de l'espèce humaine tentent tant bien que mal d'échapper aux nombreux périls qui les entourent. Gren, un enfant- homme séparé de son clan, part à l'aventure et, en affrontant diverses espèces végétales, le plus souvent mortelles, découvrira certains des secrets de ce nouveau monde, intégralement vert.

Mon avis:


« Le monde vert », livre de science-fiction des années 60, est une aventure livresque des plus étranges. Cela faisait un certain temps que je ne m’étais pas replongée dans la SF, et je dois avouer que cette lecture _ bien que déroutante_ m’a redonné envie de m’intéresser à nouveau au genre. Autant le dire, « le monde vert » n’est pas un livre évident à aborder. D’ailleurs, le style de l’auteur y est pour beaucoup. Son écriture fait preuve d’une neutralité quasi scientifique, qui peut rebuter. Mais une fois l’étape de l’adaptation franchie, on vagabonde dans ce monde vert des plus étouffants et angoissants.

Brian W. Aldiss nous projette dans un futur très, très lointain. Nos points de repère dans cette lecture se résument à une poignée de mots, tels que : humain, Terre, Lune, morille ou encore poisson. Au-delà de ces termes, le reste ne ressemble pas à grand-chose de ce que nous connaissons. La Terre est désormais reliée à la Lune par une sorte d’immense toile d’araignée végétale. Le soleil se meurt et le monde est en train d’agoniser. La planète Terre est recouverte d’une végétation dense, aux proportions hallucinantes. Gigantesque, meurtrière, elle est devenue l’ennemie de l’homme qui pour s’adapter à cet univers a dû rapetisser. Limité mentalement, l’être humain n’a pour principal objectif que de survivre dans ce monde hostile où il est devenu la proie. Je n’entrerai pas davantage dans les détails farfelus qu’on peut trouver dans ce roman, mais cela faisait longtemps que je n’avais pas lu un livre qui me donne autant la sensation d’être dans une autre dimension.

Et pour ce qui est des personnages, je dirai que c'est l’élément que j’ai le moins apprécié dans ce livre. Ils sont ennuyeux et comme ils ne sont pas très évolués mentalement, ils semblent constamment tourner en rond. Mais dans « le monde vert », le personnage principal est avant tout la végétation. Et pour ceux qui ne sont pas adeptes de description, il vaut mieux passer sa route.
 
En conclusion, je dirais que c’est un ouvrage ambitieux qui illustre très bien ce qui se faisait dans les années 60 en matière de science-fiction, mais qui peut être difficile à aborder pour des lecteurs peu habitués à ce type d’ouvrage.

À conseiller aux plus réceptifs et aux habitués de la SF. Si le genre vous rebute, si vous avez besoin de vos repères habituels, passez votre chemin, car vous risquez d’être largué.

Note: 3/5

 Défi lecture V&S et Abfa, catégorie imaginaire

jeudi 17 mars 2011

[Défi #11] "Victoria, reine et tueuse de démons" de A.E Moorat



Quatrième de couv':

Le personnel était nombreux à Kensington et s’acquittait de tâches très diverses. Le palais avait son propre dératiseur à demeure tandis qu’un autre était chargé de ramoner les cheminées. La présence d’un tueur de démons ne surprit donc pas Victoria outre mesure, à ceci près qu’elle ne s’attendait pas à ce que ce rôle lui incombe !

LONDRES, 1838. La reine Victoria est couronnée. Elle se voit confier l’orbe, le sceptre et tout un arsenal d’armes terrifiantes. En effet, même si la Grande-Bretagne est en passe de devenir l’empire le plus puissant de tous les temps, il lui reste un petit problème à régler au préalable, celui des démons. Mais au lieu de rêver de chasse aux démons, c’est le prince Albert qui occupe toutes ses pensées. Comment peut-elle consacrer sa vie à la protection de son pays alors que son cœur appartient à un autre ?


Mon avis:

Cette uchronie à la sauce horrifique paraissait pleine de promesses, mais le résultat n’a pas été à la hauteur de mes espérances.

L’histoire, qui recèle pourtant de bonnes idées, ne m’a absolument pas séduite, si bien que la lecture s’est révélée assez laborieuse. J’ai dû faire une pose d’une semaine avant de me replonger dans la seconde moitié du roman… bref, une vraie catastrophe… Mais parlons de ce qui m’a tant déplu dans ce livre.

Commençons par l’intrigue. Celle-ci s’est révélée sans surprise. Tout ce qui aurait pu apporter une touche d’intérêt à l’histoire passe au second plan et est traité sommairement, voire par traité du tout. J’ai eu la sensation que l’auteur voulait surfer sur la mode du fantastique, mais sans trop prendre de risques _ comme s’il ne maîtrisait finalement pas assez le sujet. Le résultat est qu’on reste sur notre faim. On aurait aimé en savoir davantage sur le Protektorat, sur les créatures fantastiques (zombies, succubes…), sur les personnages qui arpentent cette aventure à la fois très brouillonne et pas franchement innovante.

Les personnages… encore un autre point négatif. En quatre cents pages, je ne me suis familiarisée avec aucun d’entre eux. Pourquoi ? Pour la simple est bonne raison qu’ils apparaissent comme de simples figurants, tous plus crétins les uns que les autres. Même la reine Victoria (la pauvre, elle doit se retourner dans sa tombe) manque de charisme et de crédibilité. Et les passages où elle se trouve avec son époux Albert sont d’une crétinerie à faire pleurer. Dans la liste des idiots, on a aussi le duo que forment Quimby et Perkins. Je crois qu’avec eux, le livre a sombré dans la catégorie nanar de seconde zone. Le maître et le valet sont aussi crétins l’un que l’autre, et nous offrent les scènes pseudo-gore qui sont finalement plus risibles qu’horrifiques. Maggie Brown, membre du Protektorat, aurait pu sauver les meubles, mais elle ne m’a pas convaincue.

Alors, je suis passée complètement à côté de l’humour loufoque. J’ai souri à quelques scènes, mais ça s’est arrêté là. Je m’attendais à un humour plus subtil et plus noir.

En conclusion, je dirai que c’est un roman qu’on aime ou qu’on déteste, tout dépend ce qu’on attend. La recette n’a tout simplement pas fonctionné sur moi.

Note: 1/5 (pour la couverture que j'adore)

Défi lecture V&S et Abfa, catégorie imaginaire

Buena Vista Social Club - Chan Chan

mardi 8 mars 2011

Kagrra, - Uzu PV

"Le Maître des Dragons" de Fabrice Colin


Quatrième de couv':
Nouvelle-Angletere, 1717. Thomas Goodwill échoue sur une plage en pleine nuit. Il a tout oublié, y compris qu'il revient du Davy Jones Locker, le paradis sous-marin des pirates. Mais il se souvient que l'Empereur, un être cruel et tyrannique, a juré sa perte. Son seul espoir : lier son destin à celui de Mary Wickford.

Avis: 
« Le Maître des Dragons » n’est pas, à proprement parlé, une suite de « la Malédiction d’Old Haven ». Il est comme un faux jumeau, construit sur la même histoire, mais vécu par Thomas Goodwill et non, Mary Wickford. Au premier abord, l’idée peut sembler bizarre, presque absurde ; pourtant, Fabrice Colin nous offre un diptyque exceptionnel au résultat bluffant.

Ce deuxième opus égale son prédécesseur, même si j’aurais tendance à dire qu’il le surpasse. Lorsque j’ai commencé ce roman, j’ai souvent craint les répétitions ; et en fin de compte celles-ci sont très rares et correspondent aux rencontres de Thomas et Mary. Fabrice Colin a su se renouveler et nous proposer une histoire vraiment différente. Chaque roman apporte à l’autre les réponses à nos interrogations, et nous fait découvrir d’autres aspects de l’univers dans lequel Fabrice Colin plante son histoire.

Alors que le premier volume nous parle de sorcellerie et de créatures étranges sorties de l’imaginaire de Lovercraft, le deuxième volet se concentre sur la piraterie. Autant dire que c’est ce que j’ai adoré dans ce livre ! Digne des classiques du genre, « le maître des dragons » nous offre une aventure palpitante, menée tambour battant, alternant les virées sur de grands navires, des combats, des trahisons, une plongée fantasmagorique dans le royaume des marins noyés… On se laisse emporter par l’agréable narration à laquelle Fabrice Colin nous a habitués dans « la malédiction d’Old Haven ».

À l’opposé de Mary Wickford, Thomas Goodwill est un personnage auquel on s’accroche facilement. Je l’ai trouvé bien mieux construit et son passé y est pour beaucoup. L’homme aux quatre vies se dévoile peu à peu, nous permettant de mieux le cerner. On suit ce personnage complexe, rongé par la trahison, qui peut faire preuve de sympathie, mais aussi de cruauté. Le plaisir de suivre un héros tout en relief avec ses défauts et ses qualités a été au rendez-vous. Pour ma part, il a complètement éludé le personnage de Mary Wickford qui apparaît soudain beaucoup moins flamboyante. Ce qui lie ces deux héros, c’est une quête identitaire. L’un comme l’autre, cherche à savoir qui il est, à lever le voile sur un passé nébuleux qui pourtant interfère dans leur présent.

En dehors de Thomas Goodwill, le casting de ce roman est vraiment haut en couleur. Citer tous les personnages prendrait trop de temps. Mais j’ai eu un véritable coup de cœur pour Abigail, la vieille femme aux chats. Farfelue, intelligente, elle apporte une touche de féminité dans un univers qui se veut beaucoup plus viril que celui de « la malédiction d’Old Haven ».

En mot de la fin, je n’aurais qu’une chose à vous dire : lisez-le !

Note: 4,75/5

(Pas évident d'écrire un avis plusieurs mois après la lecture... je sais que j'ai oublié de dire des choses...)


mercredi 2 mars 2011

[Défi #10] "Le jeu de l'ange" de Carlos Ruiz Zafon


Quatrième de couv':
Dans la turbulente Barcelone des années 1920, David, un jeune écrivain hanté par un amour impossible, reçoit l'offre inespérée d'un mystérieux éditeur : écrire un livre comme il n'en a jamais existé, " une histoire pour laquelle les hommes seraient capables de vivre et de mourir, de tuer et d'être tués ", en échange d'une fortune et, peut-être, de beaucoup plus. Du jour où il accepte ce contrat, une étrange mécanique de destruction se met en place autour de lui, menaçant les êtres qu'il aime le plus au monde. En monnayant son talent d'écrivain, David aurait-il vendu son âme au diable ?

Mon avis:

Fureter dans les rayons des librairies peut parfois avoir du bon, surtout lorsque nos mains s’agrippent à un livre qui se révélera être une intéressante découverte. C’est en quelque sorte le cas avec « le jeu de l’ange ». Je ne dirais pas que c’est un roman parfait, mais l’ensemble est suffisamment convaincant pour donner envie de lire d’autres livres de Carlos Ruiz Zafon.

Commençons par le style de l’auteur qui est son principal atout. Narrateur efficace, il nous plonge dans un Barcelone sombre et poétique, un brin gothique. J’ai eu la sensation d’entrer dans une de ces vieilles photographies en noir et blanc, jauni par le temps. Rythmé comme un roman-feuilleton avec ses courts chapitres, le livre nous entraîne dans une histoire constituée de rebondissements et de mystères. Carlos Ruiz Zafon fait osciller son intrigue entre thriller et fantastique jusqu’aux dernières pages. Celles-ci défilent apportant leur lot de surprises, nous troublant un peu plus dans la compréhension de l’intrigue qui finalement se révélera moins surprenante que prévu. C’est d’ailleurs le seul point négatif que j’ai trouvé.

En parfait illusionniste, Carlos Ruiz Zafon nous invite dans un spectacle magique, quasi enivrant, mais qui perd de son sublime dans les dernières pages. Des non-dits, un aspect fantastique pas assez développé à mon goût font que la fin m’a déçue. En une fraction de seconde, on se dit : « tout ça pour ça ». Il faut l’admettre, les 667 pages sont excessives, mais tellement de belles choses y sont écrites, qu’on pardonnerait presque l’auteur de nous avoir manipulés avec autant d'habileté.

Au-delà de l’intrigue, Carlos Ruiz Zafon nous dépeint la vie d’un écrivain, nous plonge dans ses tourments et ses doutes. David Martin, le personnage principal, est un jeune homme qui n’a pas eu de chance dans la vie. Cette malchance le poursuit même dans l’écriture. Alors qu’il a du talent, le destin semble s’acharner à lui mettre des bâtons dans les roues. Il est l'archétype de l'artiste maudit, solitaire, constamment sur le fil du rasoir. C’est à travers ce personnage que Carlos Ruiz Zafon nous offre une réflexion sur le travail de l’auteur et son besoin de reconnaissance. Des sentiments parfois déchirants et qui nous touchent, surtout quand on écrit soi-même.

À cela se greffe une vision des plus intéressantes sur le concept de religion. David Martin, athée convaincu, est mandaté par un homme étrange pour écrire une nouvelle religion. Troublé par cette requête, il va néanmoins se prêter à l’exercice, tout en tentant de comprendre pourquoi et comment on crée une religion.

Avant de terminer, évoquons les personnages. Carlos Ruiz Zafon nous épargne un héros parfait sous tout rapport et c'est une chose qu'on apprécie, ou pas. Pour ma part, je me suis attachée à ce pauvre David qui semble être né sous une mauvaise étoile. Tout son être colle au Barcelone décrit par l'auteur, et lorsque David Martin pose ses valises dans la sombre maison de la tour, on a presque la sensation qu'il fait partie des meubles. Il aurait presque pu figurer dans l'arbre généalogique de la famille Adams. Même les efforts d’Isabella, la jeune apprentie écrivain que David Martin prend sous son aile, ne parviendront pas à alléger l’atmosphère pesante qui règne dans cette imposante bâtisse à la mauvaise réputation. Isabella, c'est la bouffée d'air frais de ce roman. Son fort tempérament et son amitié seront les éléments salutaires pour éviter à David Martin de sombrer. On appréciera Sempere, le vieux libraire, amoureux passionné des livres. On aimerait tous avoir un tel libraire dans son quartier. Les autres personnages m’ont moins marquée ; certains étaient trop effacés comme Cristina (l’amour impossible du héros), et d’autres font un peu trop clichés (surtout les flics et les méchants qui semblent tout droit sortis d’un vieux roman de gare).

En conclusion, je dirais que je ne suis pas mécontente d’avoir croisé la route de ce livre qui m’a fait découvrir un auteur. D’ailleurs, je ne tarderai pas à lire « l’Ombre du vent » qu’on dit meilleur.

Note: 3,75/5

Défi lecture V&S et Abfa, livre bonus.