vendredi 28 janvier 2011

[Défi #5] PxP de Wataru Yoshizumi


Quatrième de couv':
Ruri Himeno est la vice-présidente du Conseil des élèves au lycée Seiô. Le sujet de la réunion du jour porte sur “P”, un mystérieux voleur qui dérobe essentiellement des vieux objets sans valeur, et ce dans l’enceinte de l’établissement. Qui se cache derrière le personnage énigmatique ?

Avis:
Pas de doute possible, les deux histoires de ce manga appartiennent bel et bien au genre qu’on appelle shôjo (manga pour jeune fille). On y trouve tous les ingrédients, des personnages très mignons avec de grands yeux qui découvrent les premiers émois de l’amour. Bien sûr, c’est très fleur bleue, et malgré que ce ne soit habituellement pas ma tasse de thé, j’aime me laisser tenter de temps à autre par ce genre.

Dans la première histoire, nous suivons Ruri Himeno qui, en plus d’être la vice-présidente du Conseil des élèves, est la mystérieuse voleuse surnommée « P » qui sévit dans son lycée. Contre une rétribution pécuniaire, elle vole tout ce qu’on lui demande à condition que les objets aient davantage une valeur sentimentale que marchande. Dans son job illégal, elle est soutenue par Mutsumi Ichinoki, la directrice du journal de l’école, et Yûma Susa, le génie du lycée et celui que Ruri aime. Entre amitié et premier amour, nous suivons cette sympathique « Arsène Lupin » en tenue d’écolière dans trois missions. Saupoudrée d’intrigue, cette histoire est plutôt bien construite et bien rythmée. Ce n’est certes pas mémorable comme lecture, mais ça permet de se détendre avec le sourire au coin des lèvres.

La deuxième histoire, intitulée « Baby it’s you », ne m’a pas plu. Il faut dire qu’on a le droit à une romance plutôt conventionnelle qui donne dans une mièvrerie des plus agaçantes. L’intrigue est plus que classique et sans surprise : une lycéenne tombe amoureuse de son prof de math… pas folichon tout ça ! Je ne m’étendrai pas sur cette histoire, parce que sincèrement il n’y a pas grand-chose à en dire. À noter tout de même que cette histoire m’a permis de connaître la Revue Takarazuka (troupe théâtrale et musicale uniquement composée de femmes – même les rôles d’hommes sont interprétés par elles). Personnellement, je ne sais pas si c’est vraiment un bien que j’ai découvert une telle chose…

Note: 2,5/5

Et parce que je suis gentille, je vais vous faire partager ce que j'ai visionné (attention, ce sera no comment pour moi^^):






Défi lecture V&S et Abfa, catégorie manga

Pixie Lott - Mama Do

mercredi 26 janvier 2011

The Subways - Rock & Roll Queen - Official Video

"La malédiction d'Old Haven" de Fabrice Colin


Quatrième de couv':
1723, Gotham. Mary Wickford, jeune orpheline à la beauté flamboyante, quitte le couvent et les sœurs qui l’ont recueillie dix-sept ans plus tôt. En route vers l’est, la jeune fille s’arrête dans le vieux village d’Old Haven où règne une atmosphère lourde de secrets. Sans jamais être venue, elle connaît ces paysages de brumes et de ténèbres… C’est ici que fut brûlée vive, jadis, une sorcière du nom de Lisbeth Wickford…

Avis:

Avec « la malédiction d’Old Haven », on sait dès les premières pages que c’est un roman qui va capter toute notre attention jusqu’à la fin, et que l’aventure sera au rendez-vous. Fabrice Colin n’est pas de ces auteurs qui vous laissent patienter pendant des centaines de pages avant de vous jeter dans l’histoire. L’immersion est immédiate et c’est ce que j’ai adoré.

Nous plongeons dans une Amérique qui en apparence ressemble à celle décrite dans les livres d’histoire, pourtant elle diffère par bien des aspects. Nous sommes en 1723. L’Inquisition a tout pouvoir et n’hésite pas à semer la terreur. Le massacre des sorcières de Salem a eu lieu, et la chasse aux sorcières reste active. Puis au détour d’une page, noyés au cœur d’une société encore archaïque, on trouve des traces de technologie : sous-marins de poche, chat mécanique, des ornithoptères inspirés des schémas de Léonard de Vinci... Mais l’uchronie tient une place peu importante dans ce roman, chose que je regrette. Le monde citadin où se trouve la technologie cède peu à peu la place aux grands espaces américains. Descriptions du littoral atlantique, des forêts et des montagnes ne manquent pas. C’est un vrai voyage qui nous est offert. Fabrice Colin prouve que sa plume est celle d’un grand auteur. Jamais les descriptions ne semblent peser dans la lecture et l'on savoure sa poésie.

À la lecture de la quatrième de couv’, je m’attendais à trouver une histoire de sorcellerie et d’Inquisition, tout ce qu’il y a de classique ; et je dois admettre que Fabrice Colin a su nous surprendre en offrant un imaginaire qui reprend les classiques du genre en glissant la présence de dragons, d’un Jack O’Lantern vraiment sympathique ou encore en créant une société secrète dont Jonathan Swift est membre. On saluera l’hommage fait à Lovecraft tout au long de ce roman. Tout l’univers construit par Colin repose sur l’imaginaire de l’auteur américain. Vous y trouverez des références à Cthulu, au Nécronomicon, à Arkham, à Nyarlathotep… Bref, ce livre est comme ces films d’animation où l’on a une double lecture, celle qui s’adresse aux plus jeunes qui n’auront pas forcément connaissances des références littéraires, mais qui prendront plaisir dans cet univers magique et sombre à la fois ; et celle pour les adultes qui savoureront de retrouver le bestiaire « lovecraftien », sans qu’il s’agisse pour autant de plagiat. Fabrice Colin prouve en effet qu’il est possible de réutiliser l’univers d’un auteur à condition bien sûr de faire preuve de créativité, ce qui ne lui fait pas défaut. Le rythme est soutenu, alternant les découvertes sur le passé de Mary et sa fuite devant l’Inquisition qui la recherche ardemment ; et jamais on ne s’ennuie.

Comme dans tout roman initiatique, Mary croise sur son chemin des personnages qui vont essayer de l’aider. Qu’ils soient de passage ou de fidèles compagnons comme Usher, ils apportent tous une pierre à l’histoire. Ils nous font tous découvrir un peu plus le monde dans lequel nous évoluons, et grâce à eux nous en apprenons davantage sur Mary et sur le passé de ses ancêtres. Étonnamment, Mary m’a laissé une étrange impression. Pour être franche, je ne l’ai pas beaucoup aimée. C’est une ado de 17 ans dont les réactions et les sentiments ressemblent davantage à ceux d’une femme de la trentaine. Elle a passé toute son enfance dans un couvent et débarque dans le monde avec une attitude presque indifférente. Rien ne semble l’étonner, ou du moins on a du mal à ressentir ce qu’elle éprouve. On dirait que les événements passent sur elle, comme de l’eau sur une surface imperméable.

Hormis cette Mary un peu distante, le livre est une belle découverte qu’on ne lâche pas facilement. Un ouvrage tout public, dense sans être pour autant compliqué.

Note: 4,5/5     


mardi 25 janvier 2011

[Défi #4] "Rue Farfadet" de Raphaël Albert


Quatrième de couv':
Panam, dans les années 1880 : les humains ont repris depuis longtemps la main sur les Peuples Anciens. Sylvo Sylvain a posé son havresac dans la rue Farfadet, gouailleuse à souhait. Chapeau melon vissé sur le crâne, clope au bec, en compagnie de son fidèle ami Pixel, il exerce la profession exaltante de détective privé et les affaires sont nombreuses ! Des adultères à photographier, des maris jaloux, des femmes trompées, etc. Ni très rémunérateur, ni très glorieux que tout ceci. Alors, Sylvo fréquente assidûment les bars, les cafés et les lieux de plaisir en tout genre où son charme envoûte ces dames...
Jusqu’au jour où, lors d’une banale enquête de routine, il se trouve mêlé à une machination dépassant l’entendement. Le voilà, bien malgré lui, chargé de l’affaire par l’un des trois puissants ducs de Panam. Saura-t-il tirer son épingle de ce jeu compliqué et dangereux ?

Avis:
« Rue Farfadet » doit avant tout son intérêt à l’imagination de son auteur, Raphaël Albert. Bienvenue donc dans un Panam (Paris) totalement revu et corrigé, où les rues et les édifices les plus célèbres ont été rebaptisés. Et le jeu des correspondances donne un résultat plutôt divertissant qui m’a soutiré quelques rires. Pour vous donner une idée de ce que ça donne, voici quelques exemples : la Seine devient la Veine, le Boulevard Haussmann se transforme en Boulevard des Ossements (mon préféré !), ou encore Rivoli devient Frivoli, etc. À cette nouvelle toponymie s’ajoutent de nombreux clins d’oeil culturels, voire politiques et sociaux qui appartiennent à notre époque. Tous ces rapprochements avec notre monde et notre histoire sont facilement repérables et rendent le livre accessible à tous. Dans les détails créatifs, on notera l’utilisation d’articles de presses qui nous révèlent de manière détournée des éléments de l’intrigue. Ce procédé apporte une petite touche presque véridique à l’histoire et l’on s’imagine presque à Panam en train de lire « le Panaméen » (cf. « le Parisien ») à la terrasse d’un café. C’est tout bonnement truculent !


« Rue Farfadet », c’est aussi un roman avec des héros attachants. Sylvo Sylvain, même s’il incarne un détective un peu trop stéréotypé, est un elfe sympathique qu’on prend rapidement en pitié. Exilé de sa forêt, on ne peut pas dire qu’il ait beaucoup de chance dans son existence. Ce n’est pas un grand détective et les affaires d’adultères qu’on lui confie l’aident juste à vivoter. Involontairement, il se retrouve mêlé à une affaire qui le dépasse totalement. En amour, c’est limite catastrophique. Bien qu’il se sente seul dans le monde des humains, il partage son quotidien avec Piwel, un pillywiggin gouailleur et adorable. Impossible de ne pas tomber sous le charme de ce petit bonhomme, dont on aurait souhaité une plus grande présence.

« Rue Farfadet », c’est surtout une histoire que j’ai trouvé peut-être un peu trop simple à mon goût. D’ailleurs, il n’y aurait pas eu la dose d’humour et de créativité qui anime le roman, j’aurais certainement abandonné la lecture. Pendant la première moitié du livre, l’auteur s’attarde sur des détails secondaires. Certes, il plante le décor, présente la vie à Panam, les habitants de son quartier, sa relation avec d’autres races féériques, ce qui en soi n’est pas inintéressant. Seulement, il faut quand même attendre 116 pages pour voir les choses vraiment bouger. Dès lors, tout file tellement vite que ça en devient presque brouillon. Des questions restent d’ailleurs sans réponse et l’on espère que le deuxième volet, dont la sortie est prévue en mars 2011, nous apportera quelques éclaircissements.

Même si « Rue Farfadet » est loin d’être une lecture inoubliable, elle n’en reste pas moins agréable pour décompresser. C’est un livre qui réjouira sans nul doute les fans de féerie et de polar qui ont déjà pour héros Garett (cf. la série de Glen Cook « Garett, détective privé ») ou encore Dresden (cf. « les dossiers Dresden » de Jim Butcher)… et j’en oublie très certainement.

Une nouvelle série à suivre… en espérant que Raphaël Albert privilégiera davantage l’intrigue dans « Avant le déluge».

Note: 3/5


Défi lecture V&S et Abfa, catégorie imaginaire

vendredi 21 janvier 2011

Rihanna - Only Girl (In The World)

"Vegas Mytho" de Christophe Lambert


Quatrième de couv':

1957. Dans le Greenwich Village branché de la « beat generation », Thomas Hanlon, écrivain et poète alcoolique, rencontre la belle Sofia Stamatis, héritière d'une riche famille de la diaspora grecque. La jeune femme l'entraîne à Las Vegas pour l'inauguration de l'Olympic Winner, casino dirigé par son père, chef incontesté du clan Stamatis, personnage fascinant qui intrigue autant la Mafia que le FBI.
Thomas comprend très vite que les Stamatis sont en guerre avec le casino concurrent tenu par une ancienne famille égyptienne. Une guerre qui se poursuit depuis des millénaires...

Mon avis:
Voici encore une lecture qui m'aura causé quelques déceptions. Il faut dire qu'au vu de la magnifique illustration de la couverture et au résumé sur la quatrième de couv', il y avait de quoi espérer quelque chose d'excitant. Malheureusement, je me suis vite retrouvée à ronger un os.


Bien sûr, tout n'est pas mauvais dans « Vegas Mytho ». Si cela avait été le cas, je ne serais jamais allée jusqu'au bout de ma lecture. S'il y a bien une chose qui m'a séduite, c'est l'idée sur laquelle repose ce roman. Adorant les divinités antiques et les mafieux, j'ai pris du plaisir à voir les dieux grecs et égyptiens se transformer en patrons de casinos à Las Vegas. Il faut bien admettre que l'idée est plutôt sympathique et, surtout, qu'elle est traitée de manière cohérente. Si je devais conseiller ce roman, ce serait pour cet aspect... mais uniquement celui-ci.

Alors, je sais, que l'écriture cinématographique est à la mode depuis quelque temps, qu'il séduit de plus en plus de gens. Pour ma part, c'est un style qui me convient rarement. Une fois encore, j'ai eu la sensation de survoler une histoire et de ne jamais entrer dans le fond des choses. Ce n'est pas mauvais en soi, c'est juste qu'il m'a manqué quelque chose dans ma lecture. À cause de cela, j'ai eu beaucoup de mal à ressentir l'atmosphère des années 50 (s'il n'y avait pas eu le nom de certaines stars de l'époque, je n'aurais très certainement pas visualisé cette période). De même, les personnages me sont apparus comme de simples clichés tout droit sortis des films de gangsters. Aucun n'est vraiment attachant... et c'est bel et bien dommage.

Même si l'intrigue est bien construite, qu'il y a de l'action, la magie n'a pas opéré. Et en toute honnêteté, ça me désole. J'aurais aimé des personnages avec plus de reliefs et avec des personnalités moins stéréotypées. J'aurais aimé plus de descriptions et plus de périodes de narration, afin de me plonger davantage dans l'univers et l'intrigue.

Alors, je ne déconseille pas vraiment ce livre, car il pourra plaire à certains lecteurs. Je pense même que c'est une agréable lecture pour les moments où l'on cherche à décompresser sans se prendre la tête. Mais si vous cherchez un livre qui vous scotche au plafond, passez votre chemin...

Note: 3/5


mardi 18 janvier 2011

Zombies - Odessey And Oracle: The 40th Anniversary Concert

[Défi #3]: "Pure Love" de Row Takakura


Quatrième de couv':
Kyôji Mogami est l'héritier d'une ancienne famille de prêtres exorcistes. Doté de puissants pouvoirs, il a cependant un léger problème une peur bleue... du surnaturel ! Heureusement, Kyôji a un bien bel adjoint, Yû Himuro, son ami d'enfance...

Avis:
Que dire… si ce n’est que j’ai trouvé ce manga d’une telle inconsistance, qu'on en pleurerait presque. Il me fait penser à une coquille vide. À mon sens, l’auteur n’a pas su exploiter son synopsis de la bonne manière.

Tout d'abord, il n’y a pas d’histoire à proprement parlé, puisque le manga est composé d’une succession d’historiettes pseudo fantastiques, qui servent de prétexte aux disputes et aux ébats des deux personnages principaux. Cela devient rapidement lassant et l’on en vient à se demander quel est l’intérêt d’un tel ouvrage. Bon, je sais qu’un yaoi a pour objectif principal d’émoustiller les lectrices en offrant des scènes coquines entre homosexuels, et que l’histoire est généralement là pour meubler. Alors personnellement, le concept ne me déplait pas, mais encore faut-il que ce soit « chaud », « bouillant » de préférence. Dans « Pure Love » le résultat escompté n’a pas eu que peu d’effets sur ma petite personne, peut-être est-ce dû au coup de crayon de l’auteur qui, dans ces scènes-là, ne m’a pas séduite.

Ensuite, la niaiserie des deux personnages principaux donne littéralement des envies de meurtre. Leurs dialogues ne volent vraiment pas haut, et l'on se dit que Kyôji et Yû se sont en fin de compte bien trouvés. Alors, bien sûr on peut féliciter l’auteur de nous avoir épargné le schéma traditionnel du « seme », viril et dominant, et du « uke », efféminé et dominé. Ici, les rôles sont inversés et c’est vrai que ça débouche sur quelques passages amusants (eh oui, enfin quelque chose d’à peu près positif). Mais, ce n’est pas suffisant pour plaire. J’aurais apprécié la présence de plus de personnages, cela aurait très certainement animé l’ensemble du manga et pimenté davantage la relation entre Kyôji et Yû, qui vivent une relation amoureuse égocentrique et exclusive, où personne ne peut entrer, même par amitié.

En conclusion, je reconnais que ma critique est dure et qu’elle déplaira aux fans, mais je n’y ai tout simplement pas trouvé mon compte.

Note : 0,5/5


Défi lecture V&S et Abfa, catégorie Manga.

dimanche 16 janvier 2011

[PV] FLiP - カザーナ (2010.09.15)

[Défi #2]: "la Garçonne" de Victor Margueritte


Quatrième de couv':
La publication de la Garçonne provoqua en 1922 le plus grand scandale qu'auront connu les lettres françaises.
Un écrivain célèbre ne s'avisait-il pas de faire preuve de " pornographie " en décrivant la transformation d'une jeune fille de bonne famille en une femme libre de son travail, de son corps, de ses plaisirs. Qui plus est, c'est par dégoût pour la morale bourgeoise et le monde de l'argent que Monique Lerbier est ainsi devenue une " garçonne ". L'opinion publique exigea, et obtint, que la Légion d'honneur fût retirée à Victor Margueritte. Aujourd'hui, on comprend que le scandale d'alors tenait bien moins à l'érotisme du roman qu'à sa dénonciation prophétique d'une société condamnée.
Une société où le profit était roi et où la femme était seulement un objet convoité pour son corps ou ses richesses. Ce livre garde aujourd'hui une troublante actualité.

Résumé:
Monique Lerbier, jeune fille de bonne famille, découvre que son fiancé la trompe et que leur futur mariage n’est en réalité qu’un arrangement financier. Son idéalisme de jeune romantique ébranlé, elle refuse le mariage et quitte le domicile familial. Seule, elle sombre dans la dépression, puis se relève pour prendre sa vie en main.

Liberté sexuelle et professionnelle, voilà ce qui régit désormais sa vie. Totalement maître de son existence, Monique Lerbier n’est pas pour autant heureuse. Même si elle acquiert une certaine renommée professionnelle, sa vie sentimentale est chaotique alternant les expériences lesbiennes, les hommes et les orgies. Peu à peu dégoûtée d’elle-même, se sentant inutile, elle finit par se noyer dans les plaisir artificiels : opium et cocaïne. Et puis, il y a cette rencontre qui va la sauver, mais qui va aussi lui ouvrir les yeux sur ses attentes en matière d’amour et dans sa relation avec les hommes.

Avis :
En toute honnêteté, le contenu de ce roman a été une surprise, dans le sens où je ne m’attendais vraiment pas à ce que j’y ai découvert. Je m’étais toujours imaginé le ton de l’histoire plus léger que ce qu’il est en réalité. C’est une œuvre sombre, en dépit de sa fin optimiste.

Nous sommes dans un roman initiatique, où nous assistons à la naissance de la femme moderne. « La garçonne », comme on la surnomme, est la femme qui se libère peu à peu du joug de l’autorité masculine pour prendre en main son destin. Elle se raccourcit les cheveux, prend un travail pour ne plus être dépendante, conduit une voiture, fait la fête plus que de raison, se libère sexuellement… Mais cette libération ne se fait pas sans mal. Monique Lerbier, en prenant le choix de vivre sa vie comme elle l’entend, a beaucoup de difficultés à s’épanouir et à être l’égale des hommes, peut-être parce qu’il y aura toujours en toile de fond ce besoin de romantisme et cette envie viscérale d’enfanter. L’histoire de ce roman est vraiment un manifeste du féminisme et d’ailleurs j’ai du mal à comprendre pourquoi il n’est plus réédité. C’est un texte que toutes les jeunes femmes (et les hommes aussi) devraient lire. Quand on voit ce qui est écrit dans ce livre qui date quand même de 1922, on se dit que certaines mentalités restent tenaces. Et il est vital d’entretenir l’esprit du féminisme.

Mais, « la Garçonne » n’est pas qu’un plaidoyer en faveur des femmes. C’est aussi une critique au vitriol de la bourgeoisie parisienne. Société bien pensante, elle n’est finalement que faux-semblants. Le vernis craquelle rapidement, et nous nous retrouvons en présence d’individus qui ne sont que des étiquettes dont les seules occupations sont la médisance et l’étalage de leur fortune dans des soirées mondaines qui finissent dans des bordels, des fumeries d’opium, ou dans des garçonnières. Je crois que c’est cet univers méprisable, où l’antisémitisme est plus que présent, qui m’a le plus pesé dans ma lecture. Chaque fois que je rouvrais le livre, j’éprouvais une sensation d’étouffement, un peu comme l’héroïne.

En revanche, ce qui m’a bien plu dans ce livre, c’est le style de Victor Margueritte. Hormis quelques tournures propres à l’époque, l’écriture est simple et vive. Le résultat donne d’ailleurs un texte assez moderne.

Un livre à lire plus pour le fond que l’intrigue.

Note: 4/5


Catégorie classique du Défi lecture de V&S et Abfa



lundi 10 janvier 2011

Unto Ashes- "Palästinalied"

[Défi lecture #1] "Guerrière, t1 du diptyque des Deux soeurs" de Marie Brennan


Résumé:
Mirage est une chasseuse de primes. Elle survit grâce à son intelligence et ses talents au combat : elle ne rate jamais sa cible. Sa nouvelle mission l’amène dans l’univers ténébreux des sorcières, là où sa force ne lui est d’aucune utilité face à la magie.
Miryo est une apprentie-sorcière ayant échoué à son rite d’initiation. Désormais elle sait qu’il existe en ce monde un être qui lui ressemble comme une sœur : Mirage. Pour maîtriser ses pouvoirs et devenir une sorcière, Miryo n’a plus qu’une solution : traquer son double et le détruire.

Avis:
Marie Brennan nous offre ici une fantasy de qualité, où l’on trouve tous les ingrédients d’un bon roman d’aventures. S’ennuyer avec un tel roman est impossible, car l’auteur nous habitue dès le départ à un rythme soutenu. L’histoire qu’elle veut nous faire partager est son principal objectif et elle ne s’en détourne jamais, nous évitant ainsi les inutiles digressions que nous infligent bon nombre d’auteurs de fantasy.

S’ajoute à cela une bonne dose d’action. Les personnages sont constamment en mouvement et nous les suivons dans leurs pérégrinations avec toujours l’appréhension qu’il leur arrive quelque chose au détour d’un chemin. Il faut dire que leur voyage est loin de ressembler à une sinécure, et pour Miryo, l’apprentie sorcière qui ne connaît rien du monde, cette aventure va bouleverser sa vision des choses. C’est d’ailleurs le personnage qui évolue le plus dans cette histoire. Pour Mirage, cette aventure n’est que routine, habituée dès son plus jeune âge à se nourrir d’action et de combats.

Concernant Mirage et Miryo, nous avons là deux jeunes femmes vraiment intéressantes à suivre. À cause d’une histoire de « clonage magique », elles sont, en tout point, identiques. Et pourtant au fil des pages, elles réalisent qu’elles possèdent chacune quelque chose que l’autre n’a pas. C’est d’ailleurs cette différence qui va les réunir et ruiner à jamais la tradition sur laquelle reposait la caste des Sorcières.
Plus en retrait, nous avons Éclipse, Chasseur de son état et fidèle ami de Mirage. À mon sens, c’est le personnage le plus étrange de ce roman. Très présent au début de l’histoire, il s’éclipse peu à peu et réagit avec un flegme anormal face à la situation finale. J’attends avec impatience de voir son évolution dans le deuxième tome…

On trouve de bonnes idées tout au long de ce roman, toutes bien menées. J’ai aussi noté une grande influence de la culture nippone : les Chasseurs et leur entraînement sont un clin d’œil aux Ninjas, certains prénoms ont des consonances étrangement japonaises et plus bizarre encore c’est l’utilisation, comme marque de respect, de suffixes après les prénoms (et l’on retrouve cette caractéristique au Japon et dans d’autres pays d’Asie). Alors peut-être que j’extrapole, mais ça me semble quand même flagrant… à voir si ces ressemblances ont sauté aux yeux d’autres lecteurs.

Ce premier tome a donc été une agréable découverte qui me redonne à la fois l'envie de me remettre sérieusement à la fantasy aussi bien dans la lecture que dans l’écriture. Il me tarde déjà de lire la suite et de voir si mes suppositions sont bonnes…

Note: 4,5/5


1er livre de la catégorie "imaginaire" du Défi lecture V&S et Abfa.

dimanche 9 janvier 2011

The RockTigers - Cry Baby

[J.Drama] LIFE





Pas toujours complètement convaincue par les dramas japonais, j’ai pourtant eu un petit coup de cœur cette semaine pour « Life » que j’ai dévoré en un jour et demi. Ce drama est l’adaptation du manga, du même nom, de Keiko Suenobu. Contrairement à d’autres « dramas scolaires » que j’ai pu voir, le ton est hyper sérieux, pas de place à l’humour. Après tout, il est question du triste sujet qu’est l’ijime c’est-à-dire de la persécution.
Dans cette histoire en 11 épisodes, nous suivons la jeune Ayumu. Élève médiocre, elle n’a aucun espoir d’intégrer Nishikan, un lycée d’excellence. Shii, sa meilleure amie, a quant à elle toutes ses chances d’entrer dans ce lycée. La perspective d’être séparées inquiète Ayumu qui demande à Shii de l’aider à préparer le concours d’entrée. Seulement le jour des résultats est un vrai choc pour les deux amies. Alors qu’Ayumu réussit, Shii découvre avec effroi qu’elle ne pourra pas intégrer Nishi. Contrariée, elle brise son amitié avec Ayumu qu’elle juge responsable de son échec.
Ayumu intègre alors Nishi, accablée par la culpabilité et sous pression à cause de sa mère qui veut à tout prix la voir réussir. Alors qu’elle se destine à la solitude afin de ne plus blesser personne, elle attire la sympathie de Manami, la coqueluche de la classe. Alors que leur amitié semble se renforcer, Ayumu est victime de la perversité de Katsumi, le petit ami de Manami. À la suite de cet épisode, une rumeur naît, brisant les liens qui unissaient Ayumu et Manami.
Dès lors, le quotidien d’Ayumu devient un véritable enfer. Au menu, ce sont des brimades, des coups, de l’humiliation, des accusations injustifiées… Au fil des épisodes, la situation semble s’enliser et l'on en vient à se demander si tout cela ne va pas finir de manière tragique.

Si je dois vous conseiller un « drama scolaire » sérieux, c’est bien celui-là. Les facettes les plus sombres de la vie des adolescents japonais s’y trouvent : persécution, viol, suicide… On y évoque aussi la pression qui pèse sur les épaules de ces gamins qui ont pour obligation d’être les meilleurs partout. Tout cela cumulé, il n’est donc pas étonnant de voir ces jeunes déraper, allant du repliement sur soi à la démence.
Ce qui m’a le plus énervée dans cette série, c’est l’attitude méprisable du corps enseignant, qui pratique sans vergogne la politique de l’autruche. Cette indifférence généralisée est ce qui favorise la pratique de l’ijime et qui entraîne le manque de confiance que les ados ont à l’égard des adultes.

Du coup, le visionnage de ce drama me donne envie de me plonger dans le drama, histoire de voir les différences qu’il y a entre les deux supports.

jeudi 6 janvier 2011

"La belle aux bleus d'argent" (t.1 Garett, détective privé) de Glenn Cook


Quatrième de couv':
On le sait, pour la gueule de bois, il n'y a qu'un seul remède : rester couché et attendre que ça passe. Pourtant, quand une jolie - mais furieuse - cliente débarque dans son bureau pour lui annoncer la mort d'un de ses vieux frères d'armes, impossible pour Garrett de s'en tenir au plan initial. Sa mission : retrouver la maîtresse du défunt, à qui ce dernier a légué une somme colossale. Le hic, c'est qu'aux dernières nouvelles la belle se trouvait dans le Cantard, une région où elfes, gnomes, vampires et autres centaures se livrent une guerre sans merci. Et, pour ne rien arranger, cette charmante personne compte parmi les amours de jeunesse de Garrett. II y a des jours comme ça...

Mon avis:
Autant le dire tout de suite, ce roman a été une de mes lectures les plus farfelues de l’année 2010.


Connu pour sa célèbre « Compagnie noire » (dont je n’ai jamais pu achever le premier tome), Glen Cook s'amuse à mélanger les genres que sont le polar et la fantasy. Et je dois avouer que le résultat n’est pas désintéressant. Il ne plaira certainement pas à tout le monde. Et j’admets qu’il faut parfois s’accrocher, parce que le style de Glen Cook n’est pas toujours très simple à suivre.
L’univers dans lequel nous plonge l’auteur appartient bel et bien au domaine de la fantasy. L’ambiance médiévale et les créatures fantastiques sont donc au rendez-vous. Glen Cook nous invite à suivre Garrett, ex-soldat reconverti en homme de main et détective privé. On ne peut pas dire qu’il incarne le héros parfait. C’est un pauvre type, paumé, avec un sérieux penchant pour l’alcool, acerbe et rabat-joie… le genre d’homme qu’on largue sur le bord de la route. Pourtant, on finit par l’apprécier, ou du moins par le comprendre. Vivre dans le monde décrit dans le roman détint forcément sur la personnalité. Personne dans ce roman n’est vertueux, personne n’est vraiment sympa. Ils sont tout le temps en train de ronchonner, de s’engueuler, de se bagarrer. Et j’ai adoré cette atmosphère brouillonne et virulente, où même les femmes sont de vraies harpies outrancières (les ultras féministes détesteront à coup sûr). Son duo avec Morlet, l’elfe végétarien, offre quelques scènes franchement marrantes et des dialogues colorés.
Ce qu’on peut déplorer, c’est l’absence de certains détails qui pourraient nous être utiles pour la compréhension des évènements.

Humour, bagarres, imbroglio sont les trois mots qui définissent le mieux ce roman.

Loin d’être un chef-d'œuvre, ce bouquin reste un sympathique divertissement qui me donne envie de lire les autres épisodes de Garrett.

Note: 3,5/5



Bernard Lavilliers-On the road again (1988)

mercredi 5 janvier 2011

Louisa John-Krol - Blackbird

"Crossfire" de Miyabe Miyuki


Quatrième de couv':
Un roman policier d'une adresse diabolique, au suspense maîtrisé de main de maître, qui à la fois dresse une sociologie du Japon contemporain et nous plonge au cœur du brasier qui déchire les êtres. La jeune et jolie Aoki Junko possède un don extraordinaire, celui de déclencher le feu à volonté. Elle commence à utiliser son pouvoir pour rendre la justice et punir les criminels violents. Ses exécutions attirent l'attention des Anges gardiens, une organisation de vigilance secrète qui voudrait l'enrôler. Et le service des incendies criminels de la police de Tôkyô se met à sa recherche. Au fil de son enquête, l'inspecteur Ishizu Chikako, une femme patiente et déterminée voit sa vision du monde bouleversée. Tandis que Junko, poursuivant ses raids fiévreux et brutaux sur Tôkyô, se pose de plus en plus de questions sur le bien-fondé de sa croisade contre le mal...

Mon avis:
Que feriez-vous si vous possédiez le don de pyrokinésie ?

 Aoki Junko, ayant appris à maîtriser ce pouvoir, décide de l’utiliser pour rendre la justice. Ses cibles ? Les criminels les plus violents. Même si ce pouvoir pourrait faire d’elle une héroïne de comics, Aoki Junko n’en reste pas moins une jeune femme assez banale. En cultivant sciemment l’art de la discrétion, elle est devenue au fil des ans une jeune personne effacée et asociale. Mais cette facette cache un être fragile qui craint toute relation avec les autres à cause de ce pouvoir qui apparaît finalement comme un fardeau. Alors qu’elle fuit les autres comme la peste, ses actes de vengeances vont progressivement attirer l’attention d’une certaine société secrète qui va tenter à tout prix de la recruter.
Pendant ce temps, ses crimes n’échappent pas à l’attention de la police tokyoïte. C’est l’inspecteur Ishizu Chikako qui est chargée de l’enquête. Alors qu’elle doit constamment faire ses preuves auprès de ses collègues, parce qu’elle est une femme, Ichizu Chikako va voir sa logique bouleversée par cette enquête qui sort des sentiers battus.
Mais sur le déroulement de l’histoire, je n’en dirai pas plus…

Je dois avouer que ce roman a été une excellente surprise, probablement la meilleure de l’année (avec Battle Royale et Deadwood). Je ne connaissais pas Miyabe Miyuki avant de dénicher ce bouquin au fil de mes pérégrinations sur la toile. J’y ai donc découvert un auteur de talent qui partage sa passion pour l’écriture et pour son pays dans chacune des pages de son roman. Décrocher de ce livre n’a pas été chose évidente et même plusieurs mois après il reste très présent à l’esprit. Crossfire aurait pu être un polar conventionnel, mais l’auteur est parvenu à changer les codes en ajoutant à son récit une touche de fantastique et par la même occasion une analyse sociale axée principalement sur les problèmes de la jeunesse japonaise et la place de la femme dans une société résolument machiste. L’auteur se lance aussi dans une critique de la justice nippone qui fonctionne à deux vitesses, où les plus riches tirent les ficelles, évitant de devoir rendre des comptes devant à la société.
On y découvre aussi Tokyo et ses différents quartiers comme si l'on y était. Il n’aurait pas été difficile de suivre le déplacement des protagonistes sur un plan de cette ville tentaculaire.
À noter, la postface qui s’intéresse à la littérature policière nippone et écrite principalement par les femmes. Les pistes de lectures n’y manquent d’ailleurs pas.

Ce roman n’est donc pas qu’un simple polar saupoudré de fantastique. C’est davantage une sorte de melting pot des genres, construit brillamment, avec suffisamment de rebondissements pour susciter notre intérêt et avec des sujets qui semblent tenir à cœur aux Japonais puisque nous les retrouvons souvent dans leurs films et dramas.

Un roman qui a des airs de manga.

Note: 5/5


samedi 1 janvier 2011

Marilyn Manson - Sweet Dreams (Are Made Of This)

"Battle Royale" (le livre) Vs. "Battle Royale" (le film)

Quatrième de Couv':
Dans un pays asiatique imaginaire existe un programme gouvernemental connu sous le nom de Battle Royale. Chaque année, une classe de 3e est choisie au hasard, emmenée sur une île coupée du monde, et les collégiens doivent combattre entre eux jusqu'à ce qu'il ne reste qu'un survivant... Ceci afin de servir d'exemple à la population, à la jeunesse particulièrement, et aussi de recueillir des statistiques sur le temps mis par le champion à éliminer ses camarades. Version contemporaine sur vitaminée de Sa Majesté des Mouches, de William Golding, Battle Royale a défrayé la chronique à sa publication, avant de devenir l'un des plus grands best-sellers de l'édition nippone.






Résumé du film:

Dans un avenir proche, les élèves de la classe B de 3ème du collège Shiroiwa ont été amenés sur une île déserte par une armée mystérieuse. Un adulte surgit tout à coup devant eux : leur ancien professeur Kitano. Il leur annonce qu'ils vont participer à un jeu de massacre dont la règle consiste à s'entretuer. Seul le dernier des survivants pourra regagner son foyer. Kitano leur présente deux nouveaux élèves très inquiétants. Des coups de feu retentissent pour convaincre les incrédules. Selon la loi de réforme de l'éducation pour le nouveau siècle, ce sacrifice permettra de former des adultes sains. Abandonnés chacun à son sort avec de la nourriture et une arme, les adolescents disposent d'un délai de trois jours pour s'entretuer. Pour empêcher toute tentative d'évasion, ces derniers portent autour du cou un collier explosif qui se déclenche à la moindre désertion.





Mon avis:

Battle Royale… voilà un film qui a marqué les esprits par sa violence. Tout droit venu du pays du soleil levant, il est apparu comme une sorte d’ovni à l’époque de sa sortie. Le concept et l’absurdité de l’histoire, ses litrons de sang, des morts surjouées ont fait la popularité de ce film gore pour ados en mal de sensations fortes. Battle Royale incarne très bien le délire à la sauce nippone, qu’on aime… ou pas. Personnellement, j’adhère et j’adore. Bien sûr, presque dix ans après le premier visionnage, je dois avouer qu’il commence à faire bien kitch, même s’il se laisse toujours regarder avec plaisir.

Mais Battle Royale, c’est avant tout un roman, écrit en 1999 pour être précis, et qui est rapidement devenu un best-seller au Japon ; et on ne s’en étonne pas lorsqu’on lit ce petit pavé de 830 pages (cf. éd. Livre de Poche). Comme il fallait s’y attendre, le film est sensiblement différent du roman. Alors que la version cinématographique met à l’index les problèmes de délinquance, et la nécessité de se débarrasser des éléments perturbateurs, le roman quant à lui présente le jeu à la fois comme une expérience (comment réagissent les individus dans une situation extrême et surtout combien de temps le gagnant arrive à bout de ses camarades) et le moyen d’asseoir l’autorité du gouvernement en instaurant la crainte de l’autre. Une fois que l’individu intègre l’idée qu’il peut être trahi à tout moment et par n’importe qui, il se repliera sur lui-même et n’éprouvera donc pas le désir de se regrouper pour se rebeller contre le système.

Le but du jeu ne change pas d’un support à l’autre : Rester le dernier envie coûte que coûte.

À partir de là, débute l’avalanche de violence. Que ce soit dans le film ou le roman, elle est omniprésente. Le réalisateur Kiji Fukasaku prend le parti de nous proposer plus de 1 h 45 de scènes ridiculement gores où les gamins mettent un temps fou à trépasser. Même avec plusieurs balles dans le buffet, ils tiennent encore debout et continuent à lutter. Dans le livre, le rendu m’a semblé moins gore. Je pense que cette sensation vient du fait que Koushun Takami ne s’attarde jamais très longtemps sur ces scènes et qu’il évite de tomber dans le piège de la surenchère dans ses descriptions. Et puis, la violence n’est pas la seule motivation de l’auteur.

Battle Royale est avant tout un texte où la psychologie et l’analyse de société tiennent une place importante. Contrairement au film, le livre nous présente chacun des élèves au fil des pages. Il faut quand même préciser qu’ils sont au nombre de 42, donc c’est un vrai défi que de s’attarder sur chacun d’entre eux. Ainsi en quelques pages, on peut rapidement se faire une idée sur chacun d’eux. Takami nous fait part aussi de leurs angoisses et de la paranoïa qui les gagne peu à peu. C’est ce qui est à mon sens le plus touchant dans ce livre, car impossible de ne pas se demander ce que nous ferions si nous nous trouvions dans la même situation. Différents cas de figure sont présentés : le suicide, tuer qu’en cas d’extrême nécessité, tuer pour le plaisir, tuer pour gagner à tout prix parce qu’on se croit le meilleur, trouver le moyen de contrer le système, chercher à se réunir… Et j’en oublie. Dans tous les cas, on peut aisément se retrouver dans un de ces personnages.

Autre chose que nous ne retrouvons pas dans le film, c’est la dénonciation d’un système politique fasciste. J’ai bien apprécié l’approche de Takami, simple et directe. Nous découvrons ce monde à travers les propos de Kawada (mon chouchou dans l’histoire). Il n’est pas du genre à se bercer de douces illusions. Le pire, c’est qu’on retrouve des similitudes avec notre réalité… mais je n’en dirai pas davantage. À vous maintenant de découvrir ce roman qui malgré son épaisseur se dévore sans mal.

Note: 5/5